La rencontre des frères venus d'ailleurs
Une démarche de Carême dans le doyenné Escaut-Sensée à l’initiative des délégués Diaconia et avec la collaboration de la communauté Emmaüs de Fontaine Notre Dame.
Cette démarche comprenait 3 étapes
*Récolte des vêtements chauds pour les émigrés de Calais
*Repas Carême, partage de témoignages de permanents de Calais et de sans-papiers d’Emmaüs
*Transport par le fourgon d’Emmaüs des vêtements collectés
Le lundi 16 mars départ d’Emmaüs avec le chargement, quelques compagnons et 4 délégués Diaconia.
De cette journée riche en émotion se dégage a la fois un sentiment de honte de voir des frères en Humanité, si peu respectés dans leurs besoins élémentaires d’eau, de douches, de toilettes etc… mais aussi un sentiment de profond respect face au dévouement sans limite et désintéressé des bénévoles des associations qui tentent, avec de pauvres moyens, de leur donner un peu de douceur et d'aide dans cette vie si difficile
Nous avons commencé notre circuit par le vestiaire du Secours Catholique où se présentent plusieurs fois par semaine des centaines d’hommes attendant des vêtements chauds, des couvertures, etc… dans ce local n’œuvrent que des bénévoles ayant le seul souci d’aider chacun des bénéficiaire. Nous avons vu, une colonne d'hommes attendant de pouvoir avoir des chaussures. Il y a des kilomètres entre le camp, le lieu des repas ( 1 repas par jour à 17heures ), le lieu des douches et les autres lieux de rassemblement…Les chaussures sont vite usées.
Puis nous sommes allés rejoindre d’autres hommes dans le local du Secours Catholique où chacun peut faire une halte, pour un café, recharger son portable, laver son linge, jouer à des jeux de société et aussi pour ceux qui le désirent mettre des papiers administratifs en ordre pour une carte de séjour ou toute autre chose …
La troisième halte de notre équipe nous a conduits dans un squat, accompagnés par 2 permanents, dont Jacky qui est là depuis 14 ans et qui nous a confié qu’il était toujours aussi malheureux chaque fois qu’il venait dans ces lieux de misère. En regardant les photos vous pourrez entrevoir le drame de ces personnes.
Pourtant au milieu de ces habitations de fortune faites de plastique et ouvertes à tout vent, il y a un trésor : c'est un lieu de culte parfois chapelle, parfois mosquée.
Ce lieu de culte est aussi fait de récupérations en tous genres, mais à la différence des autres habitations, il est fait avec beaucoup de soin et avec des matériaux plus résistants : ainsi la toile qui couvre le lieu est elle-même recouverte d'un filet de pèche pour éviter qu'elle ne s'envole au vent. A l'intérieur, des tapis où personne ne marche en chaussures, d'une propreté contrastant avec celle de leurs « maisons », des icônes, des bougies, un lieu digne pour Dieu. Quel beau témoignage !
La rencontre de ces hommes restera marquée dans le cœur de chacun de nous. Ils nous aident, sans le savoir, à rechercher où sont nos valeurs, à quoi nous donnons du prix, et nous redire plus souvent : « Qu'as-tu fait de ton frère ? »
Texte de Sœur Myriam, photos d l’abbé Robert Meignotte