Quand quelqu’un m’interroge à ce sujet, je réponds :
Je ne crois pas que 2 x 3 = 6. Je le déduis à partir d’affirmations que j’ai déjà posées.
Je ne crois pas que l’éclair soit dû à une décharge électrique. Je le suppose parce que des circonstances analogues reproduites à la demande en laboratoire produisent des effets comparables. De même, je ne crois pas non plus que la Terre soit ronde et qu’elle tourne autour du soleil.
Je ne crois pas que Louis xiv soit mort à Versailles le 1er septembre 1715. Je suis persuadé de la réalité de cet événement unique et non reproductible parce qu’elle est l’explication la plus simple à l’existence et la convergence d’un faisceau de documents.
Je n’ai pas à croire que les miracles existent ou non. Je sais qu’il existe des faits que la science actuelle n’explique pas et que les principaux témoins attribuent à l’intervention du Dieu révélé par Jésus-Christ. Il est possible d’enquêter sur ces faits et sur la vie de ces témoins ; on constate que ces faits sont historiques et que souvent la vie de ces témoins en a été bouleversée de façon durable sur les plans physique, psychique et, dans la mesure de l’observable, spirituel.
La première exigence est d’examiner un événement présenté comme miraculeux comme un fait historique.
Le 16 février 1867, près de Bruges, « Pierre Van Rudder a pris, à son travail, une fracture comminutive du tibia et du péroné gauches. Il avait eu la jambe broyée sous un tronc d'arbre qui s’était abattu sur lui. […] La consolidation ne s'est jamais faite. Le malade était en traitement depuis six ans quand j'ai eu l'occasion d'examiner sa jambe. Il n'est pas besoin d'une longue description : la moitié inférieure de la jambe, avec le pied, ballottait littéralement au bout du membre, au point que je pouvais faire décrire au talon plus d'un tour sur l'axe du membre. »
Malgré les instances des médecins, dont l’auteur de cette citation, le blessé refuse l’amputation. Le 7 avril 1875, il va à une copie de la grotte de Lourdes près de chez lui. Ses os sont cassés, trois centimètres séparent les extrémités, et il souffre d’une double plaie purulente. Il prie devant la grotte quand il se sent remué. Oubliant avoir besoin de béquilles depuis plus de huit ans, il se lève sans appui, et va s'agenouiller devant la statue. Tout à coup, il revient à lui : « Moi à genoux ! Où suis-je ? Ô mon Dieu ! » La jambe et le pied ont repris leur volume normal, si bien que l'emplâtre et les bandes sont tombés d'eux-mêmes ; les deux plaies sont cicatrisées ; les os rompus se sont rejoints et soudés malgré la distance qui les séparait. Les deux jambes sont égales.
(Pour plus d'informations historiques : voir le document en téléchargement, en bas de page)
Les miracles montrent un exemple de la différence entre croire que et croire en. On peut croire que Dieu existe sans croire en Lui. Un Robinson Crusoé découvrant des rondins ordonnés en forme de cabane interprèterait ce phénomène comme signe du passage d’un homme. Cette explication relève du raisonnement scientifique. Différent est le comportement de Vendredi qui s’agenouille devant Robinson lui sauvant la vie. Cela relève des relations interpersonnelles. Le miracle se présente comme l’agencement de rondins : l’observer, c’est reconnaître Dieu comme thaumaturge. Mais l’amour ne s’achète pas, même avec des miracles. Est-il raisonnable de croire en ce Dieu qui m’appelle, y compris par des miracles ? À chacun de répondre.
Abbé Daniel Debuf